Junkers W-33 Bremen : un envol inoubliable

 
Histoire Aviation

A l’issue de la première guerre mondiale, en réalisant de nouveaux records de distance, de vitesse et d’altitude, les pilotes ont voulu prouver que l’avion était utile. Aux commandes du Curtiss NC-4, avec son équipage, Albert Cushing Read (USA), ont effectué pour la première fois la traversée de l’Atlantique, entre Long Island (Etats-Unis) et Plymouth (Grande-Bretagne) en une vingtaine de jours, en faisant des escales A Terre-Neuve, en Nouvelle Ecosse, Au Portugal, aux îles Acores et en Espagne.

Mais rapidement, ce record fut battu par John Alcock et Arthur Whitten Brown, grâce à une autre traversée de l’Atlantique, mais cette fois-ci sans escale. Le premier vol direct reliant New-York à Paris a été effectué par Charles Lindbergh, en 1927.

Le Junkers Bremen W-33Avant cela, il y a eu la disparition de l’oiseau Blanc et de ses pilotes, au cours d’un premier essai de trajet Paris-New-York, ce qui confirma qu’il était impossible de voler d’est en ouest à cause des vents contraires. Mais cela n’empêcha pas d’autres aviateurs de relever le défi. En 1928, ce sera une équipe irlando-allemand qui réussira l’exploit à bord du Junkers W-33 Bremen. Malgré une santé fragile, c’est grâce à la persévérance d’un noble de la Prusse-Orientale que ce vol a pu être réalisé. Au cours de son service au sein de l’armée allemande, le baron Ehrenfried Günther Freiherr von Hünefeld subit plusieurs blessures graves mais devint représentant de Norddeutscher, une société maritime.

Les initiatives de Hünefeld

Dans les années 20, le secteur de l’industrie aéronautique subit les effets négatifs liés aux restrictions du traité de Versailles. Néanmoins, des travaux en vue de développer des avions toujours plus puissants étaient initié par plusieurs industriels et entreprises en Europe(Italie et Suisse) et en Amérique du sud. Le but était entre autres de prendre le dessus sur les paquebots et d’emprunter les réseaux maritimes. C’est Hünefeld qui va apporter son appui à ces développements, et persuade son employeur de le soutenir dans un projet qui pourrait redorer la réputation des allemands et en même temps, ce serait l’occasion de se réconcilier avec les anciens ennemis. Il s’agit donc de faire un vol transatlantique sans escale, à destination des USA.

Malgré ses problèmes de santé de plus en plus prépondérants, il restait déterminé et avec le soutien d’Hugo Junkers, des monomoteurs Junkers W-33 ont été modifiés pour pouvoir réaliser cette traversée. Par ailleurs, Hünefeld fit appel aux compétences d’Hermann Köhl, pilote et spécialiste du vol aux instruments. De nombreux essais furent concluants, ce qui amena à faire des essais en 1927, non concluants car bloqués à cause du mauvais temps. A cause de cet échec, les employeurs de Hünefeld et Köhl retirent leur appui, ne voulant pas être concernés par des projets périlleux avec un avion monomoteur qui ne peut pas faire d’amerrissage s’il y avait un problème.

Toutefois, un autre essai fut réalisé en 1928, dans la plus grande discrétion. Cette fois-ci, c’est Hünefeld lui-même qui apporta les moyens financiers pour ce projet, en insistant pour âtre à bord. Le 26 mars 1928, avec Hermann Köhl et Arthur Spindler aux commandes, le Junkers W-33 Bremen atterrit enfin en Irlande. Mais dès que la nouvelle fut répandue, Köhl perd son poste au sein de la Luft Hansa. De plus, les conditions climatiques retardaient le départ à destination de l’Amérique. En parallèle, les disputes entre Hünefeld et Spindler mirent fin à leur collaboration et le major James Fitzmaurice entra en scène.

Le périple du Bremen

Le Bremen n’a donc pu quitter le sol irlandais qu’en avril 1928, pour effectuer un vol d’une trentaine d’heures à destination de New-York. La nuit tombée une tempête se leva, ce qui contraint les pilotes à faire confiance aux instruments de vol. Des vents violents font dévier le vol vers le nord et dès que Köhl s’en aperçut le matin, il fit cap vers le sud. Par manque de carburant, les pilotes étaient contraints d’atterrir d’urgence sur une petite île, sur un étant gelé qui rompt tout de suite sous le poids de l’appareil. Le gardien du  phare secourut les pilotes qui apprennent alors que leur traversée a été complétée par le vol sur l’île Greenly (Québec). Plusieurs associations se précipitent pour secourir le Bremen, attendu impatiemment à New-York. Même les médias font l’écho des évènements sur cet appareil. Ce sont finalement des équipes canadiennes qui volent au secours du Bremen. Mais l’appareil était trop endommagé pour voler de suite et les pilotes furent évacués.

Malgré cela, les pilotes sont considérés comme des héros et le président des Etats-Unis soumet une loi spécifique qui décerne une Distinguished Flying Cross à Köhl.

Il a fallu attendre le 18 septembre 1928 pour voir à nouveau le Junkers W-33 Europa décoller pour un tour du monde. Mais cet essai est interrompu à cause du mauvais temps à Tokyo. En même temps, Hünefeld, atteint d’un cancer, vit sa santé se dégrader rapidement, pour décéder en 1929.

Le Bremen rejoint l’Europe après avoir été réparé à Dessau. Il finit par constituer un don aux américains, pour être acquis ensuite par le henry Ford Museum (Détroit). Au final, il fut exposé à l’aéroport de Brême et y demeure jusqu’à aujourd’hui.

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